La Sociologie selon Weber et Durkheim Une Science de l'Activité Sociale et des Institutions
la sociologie``:: Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets.
Nous entendons par « activité » un comportement humain quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité « sociale » l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement.
La définition de la sociologie que Max Weber propose dans les premières pages d'Economie et société est la suivante : « Nous appelons sociologie (…) une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons par « activité » un comportement humain (…) quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité « sociale », l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement » .
Selon Durkheim, la sociologie serait « la science des institutions, de leur genèse et de leur fonctionnement ». Pour lui, une institution veut dire, « toutes les croyances et tous les modes de conduite institués par la collectivité »
La Conception de la Société et des Faits Sociaux selon Durkheim
Pour Durkheim, une société n’est pas un groupe d’individus qui habitent dans le même endroit géographique, elle est « avant tout un ensemble d’idées, de croyances, de sentiments de toutes sortes, qui se réalisent par les individus ». Elle indique une réalité qui est produite quand des individus agissent l’un sur l’autre, ce qui résulte dans la fusion des consciences individuelles. Cette réalité est sui generis, c’est-à-dire qu’elle est irréductible à ses parties composantes. Elle est plus que la somme de ses parties et est d'un ordre complètement différent des parties dont elle est composée. La société et les phénomènes sociaux ne peuvent être expliqués que dans des termes sociologiques. Les termes biologiques ou psychologiques sont insuffisants, et les faits sociaux ne peuvent pas être réduits aux formes matérielles d’une société et ses nécessités vitales, comme est fait dans le matérialisme historique.
Pour mieux déterminer et analyser le contenu de cette réalité psychique, Durkheim invente le concept de fait social. Les faits sociaux sont essentiels, puisqu’ils constituent et expriment la conscience collective d’une société.
Telle est la définition de la sociologie que Weber propose dans les premières pages d'Économie et société. Par cette définition, il fait de la sociologie une science de l'action sociale, en opposition à l'approche holiste de Durkheim, pour qui la sociologie est science des faits sociaux.
L’individu dans la sociologie wébérienne et durkheimienne :
La place de l’individu dans la sociologie wébérienne :
Si on peut admettre que l’individu est le point de départ des analyses wébériennes, force est de reconnaître que cette idée a été, dans la réception de ses écrits, traduite de différentes manières. Elle est présentée tantôt comme une visée méthodologique, tantôt comme une visée qu’on pourrait qualifier d’« existentielle », selon les deux grandes interprétations du leitmotiv de l’oeuvre de Max Weber. La première interprétation renvoie au développement de la thématique de rationalisation et au projet tardif de développer un paradigme wébérien, une école qui n’a jamais pris forme du vivant de l’auteur.
La seconde interprétation renvoie quant à elle à la problématique du destin de l’individu moderne. Au-delà de ces lectures opposées, il est possible d’argumenter que l’individu se manifeste, dans la sociologie de Weber, sous trois facettes différentes — polémique, méthodologique et existentielle — qu’il convient ici de relever, et de mettre en relation.
Le concept d’individu est bien ancré dans l’époque de Weber. Parce qu’il s’oppose aux
notions collectives de la fin du xixe siècle, ce concept a pour lui une fonction polémique.
En effet, on peut concevoir le concept d’individu comme une critique des conceptions marxistes, romantiques et organicistes de la «société», un concept que Weber était d’ailleurs soucieux d’éviter. Dans une tradition toute kantienne, seul l’individu agissant et souffrant offre, pour Weber, une prise possible sur le réel, les conceptions collectives, la communauté, l’État n’existant que dans la tête des individus. L’individu «objectivé» est à la base de la méthode wébérienne
La place de l’individu dans la sociologie durkheimienne:
Les sociologues n’ont cessé d’être embarrassés par la question de l’individu. Apparente évidence de l’expérience immédiate, cette notion n’en est pas moins chargée d’une profonde ambivalence. Émile Durkheim, le fondateur institutionnel de la sociologie française, inscrivait ainsi sa discipline autant contre le déterminisme biologisant très influent à son époque que contre la psychologie, chacun porteur d’une certaine morale. Pour lui, « la première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses » (Les règles de la méthode sociologique), autrement dit porter l’analyse au niveau des appartenances collectives, à l’aide notamment des outils statistiques, pour y repérer les déterminations premières des agissements humains, indépendamment des désirs et affects individuels.
Une règle dont il démontre la portée heuristique dans sa célèbre étude sur le Suicide. Il voit par ailleurs l’individualisation des consciences comme la résultante de la division du travail social.
Radicalisant cette vision, certains n’hésitent pas à présenter l’individu comme un « mythe », dont les effets politiques et moraux ne se font que trop sentir aujourd’hui. Cela n’empêche cependant pas Durkheim d’employer par ailleurs abondamment le terme d’ « individu », et même de promouvoir un certain individualisme « abstrait » dont l’objet est « la glorification, non du moi, mais de l’individu en général [et qui] a pour ressort non l’égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié pour toutes les misères humaines, un plus ardent besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice » (« L’individualisme et les intellectuels ».
Durkheim défend ainsi une certaine conception de l’individualisme, expliquant que « pour faire plus facilement le procès de l’individualisme, on le confond avec l’utilitarisme étroit et l’égoïsme utilitaire de Spencer et des économistes » et s’emporte en exhortant « qu’on ne vienne donc pas dénoncer l’individualisme comme ennemi qu’il faut combattre à tout prix ! On ne le combat que pour y revenir, tant il est impossible d’y échapper » - l’action sociale étant entendue comme une activité dirigée consciemment vers autrui -, Max Weber a inauguré un courant d’analyse bel et bien concurrent, restituant un rôle premier à l’intention du sujet agissant. Cette position contribue cependant à raviver jusqu’à aujourd’hui la polémique entre les tenants du « holisme » et ceux de l’ « individualisme méthodologique ».
La sociologie de l'action :
Une sociologie de l'action n'est pas une sociologie des valeurs, mais une étude de la création des valeurs, considérées comme des orientations normatives de l'action et dont la raison d'être ne doit pas être cherchée ailleurs que dans l'action elle-même, c'est-à-dire dans le double mouvement par lequel le sujet pose hors de lui un objet et affirme son autorité sur cet objet, manifestant ainsi sa capacité d'action.
La sociologie de l'action historique est la démarche sociologique à la fois la plus proche et la plus éloignée de l'analyse historique. La plus proche, parce que l'histoire étudie d'abord le devenir, c'est-à-dire l'invention d'objectifs, de normes, d'œuvres, la création de situations matérielles et de rapports sociaux nouveaux, plutôt que l'adaptation des individus et des groupes à des normes institutionnalisées. La plus lointaine, parce qu'elle ne considère pas l'acteur concret, personnage ou nation, mais la relation du sujet à lui-même à travers ses œuvres.
Structure, agents et action :
Il existe deux grandes manières d’appréhender l’action en sociologie ;
- Le premier : est fonctionnaliste ou structuro-fonctionnaliste : elle consiste à expliquer
- les conduites individuelles en les concevant comme l’expression mécanique d’un ordre de déterminations qui leur pré-existe et en façonne la conformité.
Cet ordre de déterminations a une double origine :
- Un système stable de normes sociales intériorisées par les agents.
- Une structure hiérarchisée des positions sociales dans une société stratifiée.
Cette manière d’appréhender l’action admet donc le principe de “non-conscience” de l’agent dont on a pu dire qu’elle était “la condition sine qua non de la constitution de la science sociologique”. Lorsqu’on adopte ce principe, ce que les acteurs font lorsqu’ils agissent en commun n’est pas une donnée pertinente dans l’explication de la nature réelle de l’action.
- La seconde manière d’engager l’analyse est interactionniste : elle consiste à concevoir
- l’action de façon dynamique, comme un processus dont le terme n’est pas fixé a priori et dont la forme se constitue dans le déroulement temporel des échanges qui la composent.
- L’accomplissement de ce processus requiert la participation active des individus qui y sont impliqués.
Cette conception admet donc l’existence d’acteurs qui assurent la coordination et la continuité de l’action, en faisant usage de principes d’ordonnancement des échanges (règles d’adéquation, de réciprocité, de catégorisation, de politesse, d’étiquette et savoir de sens commun, etc.) qu’ils mettent en application dans le cours même de l’action tout en vérifiant, incessamment, qu’ils le font de façon correcte.
Ces deux manières d’envisager l’action proposent des modèles d’analyse rivaux et opposés ; et le cadre dans lequel ces modèles s’appliquent est différent : la société globale pour le structuro-fonctionnalisme ; la situation pour les interactionnismes.
Il existe une troisième manière d’appréhender l’action en sociologie : celle qu’adopte Alain Touraine (1965), afin d’expliquer les formes collectives et politiquement organisées de
revendication d’un changement social. Mais cette approche ne vise pas, comme des deux autres, à échafauder une théorie sociologique de l’action - en considérant celle-ci comme
un phénomène social de plein droit
La théorie de l'action :
Théorie de l'action peut-être interprétée comme une volonté de conserver la rigueur du positivisme dans les sciences sociales en y associant une dimension subjectiviste. L'idée que l'action humaine soit mue par une volonté, par une motivation est centrale dans sa compréhension de l'acte humain. Il considère que les sciences sociales doivent poser les questions des fins, des buts et des idéaux qui motivent l'action individuelle, il se place ainsi en opposition aux courants purement béhavioristes et matérialistes. Il se met ainsi à dos les défenseurs du déterminisme social. Parsons est principalement connu pour sa théorie de l'action selon laquelle tout sujet social s'oriente en fonction des valeurs qu'il s'est lui-même choisi. Ces orientations interagissent et aboutissent à un équilibre tributaire de cinq variables dichotomiques:
neutralité ou affectivité ;spécificité ou vague de l'attitude ;universalité ou particularité ;
- qualité attribuée ou performance réalisée (ascription / achievement) ;orientations individuelle ou collective.
- L'ensemble social est défini comme un ensemble d'actions. Un découpage de l'action en quatre éléments essentiels, « l'action suppose un acteur, une situation partiellement contrôlée par lui, une combinaison de fin et de moyen soumis au choix de l'acteur par des critères normatifs . C'est le processus de socialisation, à travers lequel tout individu devient porteur de son système social. Cette théorie repose sur quatre fonctions :
- Adaptation au milieu environnant physique et social ;Goal-Attainment (poursuite des buts) ;Integration des membres dans le système social ;Latent function (stabilité latente).
- La théorie de l'action est l'étude de la nature de l'action humaine, qu'elle soit individuelle ou collective. Les différentes disciplines qui s'intéressent à la théorie de l'action sont la philosophie de l'action, la sociologie de l'action ainsi que l'économie.
- Les différentes branches de la théorie de l'action sont: la méta-théorie de la théorie de l'action objet avant tout de la philosophie et plus particulièrement de la philosophie analytique ;
- la théorie de l'action rationnelle; la théorie empirique de l'action qui décrit les comportements des individus ou groupes sociaux;
- la théorie de l'action normative dont l'éthique représente le type le plus riche et le plus ancien.
Le fait social selon Émile Durkheim :
« La première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses » .
Selon Durkheim, les faits sociaux ont une réalité objective qui peut être étudiée comme un physicien étudie le monde physique. Il faut ajouter un corollaire important à cette définition et rappeler que les faits sociaux sont aussi internes aux individus, et qu’il n'y a qu'à travers les individus que les faits sociaux peuvent exister.
Comme les faits sociaux sont extérieurs à l'individu et doivent être expliqués « par les modifications du milieu social interne et non pas à partir des états de la conscience individuelle » afin de ne pas confondre les faits sociaux avec d'autres variables telles que la psychologie du sujet, son contexte familial, culturel, etc.,
Ces faits sociaux existent sans que nous ayons nécessairement conscience ni de leur existence ni de leur autonomie. En effet, un fait social peut être indépendant de l'individu, les fait sociaux existent « indépendamment de [leurs] manifestations individuelles ».
Le fait social s'impose à l'individu, qu'il le veuille ou non, et non le contraire. Il correspond à un système de normes établies pour et par la société et n'est que rarement modifiable autrement que par un bouleversement social ; Un des critères pour reconnaître les faits sociaux consiste à déterminer la résistance au changement d’une chose : « on reconnaît principalement un fait social à ce signe qu'elle ne peut pas être modifiée par un simple décret de la volonté »
Ça ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas changer, mais il faut un effort laborieux pour le faire. Cette qualité des faits sociaux est liée à leur caractère contraignant qui se voit à travers diverses institutions sociales, qu'elles soient formelles ou non ;
Un autre moyen pour déterminer un fait social consiste en l’usage de statistiques, qui permettent de neutraliser les variations entre individus et finalement d'étudier une moyenne qui, pourtant, ne sera pas apparente dans la société, ceci à cause des variables précédemment citées. « Le fait social représente donc « un certain état de l'âme collective ».
En exposant le concept du fait social, Durkheim présente comment la société, par l'intermédiaire des faits sociaux, influence la manière de penser et d'être d'un individu. Bien qu’au début de sa carrière, Durkheim se concentrait principalement sur la nature contraignante, et donc négative, des faits sociaux, il privilégia peu à peu, dans ses œuvres plus tardives, le côté positif des faits sociaux, c’est-à-dire leur nature libératrice.
Durkheim montre comment faire une analyse sociologique des faits sociaux. Dans Division, il examine comment la démographie et la technologie des transports et de la communication peuvent changer la conscience collective d’une société. Durant son étude Le Suicide, Durkheim cherche à prouver que ce fait social, qui peut sembler si dépendant de notre volonté, de notre liberté d'action, dépend également de facteurs sociaux. Durkheim cherche, à travers ce célèbre ouvrage, à trouver ces facteurs. Dans Les Formes, il analyse la religion, la pensée logique et la langue comme des faits sociaux d’origine sociale. Il étudie également la moralité comme fait social à plusieurs reprises, notamment dans son article « La Détermination du fait moral ».
C’est-à-dire que l’on ne sait pas ce que signifie les phénomènes sociaux qui nous entourent. Il n’y a pas de conception scientifique. Lorsque l’on observe un fait social, il faut se débarrasser de tout préjugé et la difficulté vient de ce que le questionnement sociologique recouvre souvent des considérations de sens commun, et par-là des présupposés et des préjugés. La sociologie est une science, et ce n’est pas parce qu’elle porte sur des comportements humains immédiatement compréhensibles qu’elle peut se contenter de reproduire les réflexions du sens commun.
A l’instar de toutes ses consœurs, elle doit non seulement faire des découvertes ou du moins établir des faits, mais en plus leur chercher des modèles explicatifs efficaces et non pas simplement plausibles.
Il faut donc une distance par rapport aux choses, ne pas s’y impliquer émotionnellement. En cela, la compréhension d’un phénomène ne peut résulter que de son traitement objectif.
La sociologie doit rechercher la cause du phénomène et sa fonction sociale (les faits). Elle pourra alors avoir une fonction curative, c’est-à-dire guérir les sociétés malades et en reconnaître les maux.
"La caractéristique du fait social, c’est qu’il exerce une contrainte sur l’individu"
Durkheim met en évidence qu’un phénomène social peut être reconnu car il s’impose à l’individu en tant que contrainte. Cette contrainte apparaît comme un sentiment coercitif qui s’impose à tous et qui engendre une réaction collective.
Par ailleurs, dans son ouvrage "De la division sociale du travail" (1893), il distingue deux types de sociétés :
A solidarité mécanique où la différence entre les individus a peu d’importance, ce qui est primordial c’est la cohésion interne qui résulte d’une conscience collective forte (notion de groupe).
A solidarité organique où il y a une division du travail, où les hommes sont des individualités différenciées, chacun ayant une tache spécifique. La cohésion sociale est possible grâce à la complémentarité des fonctions de chaque individu.
Après avoir expliqué ce qu’un fait social est, Durkheim introduit des règles pour leur étude, la première et plus importante étant de traiter les faits sociaux comme des choses. Effectivement, l'étude du fait social en tant qu'objet n'a pas pour intention de le ramener à un sujet purement matériel, mais plutôt de lui donner une forme concrète afin d'éviter un glissement vers une sociologie spontanée et subjective. Il faut avant tout définir le fait social objectivement pour donner une légitimité à son étude, le distinguer de l'idée.
Pour instaurer cette nouvelle discipline qu'est la sociologie, Durkheim exprime sa volonté d'installer une méthodologie spécifique garantissant sa scientificité et sa spécificité. « Il n'y a, en effet, qu'un moyen de faire en science, c'est de l'oser, mais avec méthode » (De la Division du travail social). Un point important de l'étude sociologique est l'objectivité du sociologue : comment étudier un objet qui, dès le départ, conditionne l'observateur ? L'observation doit être la plus impersonnelle possible, se débarrassant de ses préjugés pour éviter toute déformation perceptive, mais ne le sera jamais parfaitement. C'est pourquoi la méthode de Durkheim s'appuie sur la comparaison plutôt que sur l'étude d'un fait social pris indépendamment.
Le fait social sera étudié en fonction des autres faits sociaux et non en fonction de la personne qui l'étudie. De plus Durkheim, suivant un programme de réalisme social, étudiera tout fait social par le social, sans s'appuyer sur une étude psychologique des acteurs alors soumis aux contraintes sociétales.
L'action sociale selon Max Weber :
Contrairement à Durkheim, Weber établit donc que la compréhension d’une activité ouvre sur la saisie du sens que le sujet attribue à sa conduite, sans considération liminaire des signes objectifs de son inscription dans le monde social, ou de son extériorité factuelle par rapport à la conscience pratique du sujet. La compréhension wébérienne se définit d’emblée comme la reconstruction objective d’un processus cognitif. Si l’activité fait sens pour le sujet, c’est parce qu’il ne peut manquer d’associer à sa conduite effective un fait de conscience spécifique : « Le processus extérieur du comportement [...] revêt des formes extrêmement diverses dont la compréhension ne peut être atteinte qu’à partir d’expériences subjectives, de représentations, des fins poursuivies par les individus – c’est-à-dire à partir de la “signification” de ce comportement..
La notion wébérienne de compréhension se clôt ici sur la notion d’explication causale, qui assure une transition finale entre la catégorie du rationnel et la catégorie du réel.
L’explication causale permet de corroborer objectivement la validité des éléments significatifs, obtenus par l’interprétation rationnelle. Elle mesure, dans un accord avec les données générales de l’expérience, la pertinence du caractère d’évidence émis par hypothèse avec la manifestation extérieure et causalement vérifiable de l’activité sociale.
Cette adéquation explicative entre l’activité telle qu’elle a effectivement lieu et la signification qui lui est attribuée selon le postulat de la rationalité téléologique permet d’évacuer l’ambiguïté du rapport entre compréhension et explication.
Weber n’aurait pas éclairci le rapport entre une herméneutique visant la compréhension motivationnelle et une analyse de type causal visant à l’établissement de règles empiriques techniquement exploitables. En fait, l’ambivalence du rapport entre compréhension et explication tient surtout à ce qu’il met en jeu, pour un même objet, un mode d’administration de la preuve qui emprunte à deux théories de la connaissance hétérogènes. La notion wébérienne de « compréhension » ne se réduit pas à la continuité cognitive que réclament aujourd’hui les « sociologies compréhensives » entre connaissance ordinaire et connaissance scientifique. Elle s’élucide au contraire dans les notions qui appartiennent à son extension logique : le sens subjectivement visé, l’interprétation rationnelle et l’explication causale.
En sciences sociales, l'action sociale, fait référence à une action qui prend en compte les actions et réactions des autres. Selon Max Weber, qui fut le premier à développer la notion, une action est « sociale » si l'individu qui agit tient compte du comportement des autres et qu'il en est orienté dans son action.
La conceptualisation première fut développée par Max Weber dans une démarche scientifique visant à comprendre comment le comportement humain peut s'expliquer par une causalité de nature sociale. Selon lui, la sociologie étant l'étude de la société par l'observation des comportements, il convient de se centrer sur les interactions sociales.
La théorie de l'action sociale suppose que les humains agissent différemment en fonction de contextes sociaux et de la réaction d'autrui ; lorsqu'une réaction possible est vue comme non souhaitable, l'action est modifiée en conséquence. Il peut s'agir d'une action primaire (ayant un « sens »), ou d'une action sociale secondaire, qui non seulement a un sens, mais est dirigée vers d'autres acteurs et provoque l'action (ou l'inaction).
L'individu qui réalise l'action sociale n'est pas passif, mais actif et réactif. Bien que Weber ait lui-même utilisé le mot « agentivité », en sciences sociales contemporaines, ce terme est souvent utilisé au sens wébérien d'action sociale. De la même manière, la « réflexivité » est couramment utilisée en abrégé pour faire référence à la relation circulaire de cause à effet entre la structure et l’agentivité dont Weber soutenait l’hypothèse.
Max Weber explique l'action sociale par une contingence d'actions individuelles qui ne sont pas nécessairement tous issues du même type de rationalité, et selon son approche elle est explicative des phénomènes sociaux observés.
Weber, dans son analyse des motifs des actions, propose sa célèbre typologie des déterminants de l'action. Pour Weber, les actions sociales ressortissent à quatre types fondamentaux : l'action peut être
a) traditionnelle
b) affective
c) rationnelle en valeur ou, enfin,
d) rationnelle en finalité.
- L'action traditionnelle correspond aux types d'actions quasi « réflexes », « mécaniques » qui sont le produit de l'habitude, et où le sens et les motifs constitutifs de l'action ont, pour ainsi dire, disparu par répétition.
- L'action affectuelle est le type d'acte commis sous le coup d'une émotion.
- L'action rationnelle en valeur correspond aux actions par lesquelles un acteur cherche à accomplir une valeur.
- La spécificité de l'analyse de Weber est qu'il insiste sur le fait que si le but de ce type d'action (la valeur) est irrationnel c'est en cela que l'action est rationnelle en valeur.
- Enfin, l'action rationnelle en finalité correspond aux types d'action pour lesquels l'acteur détermine rationnellement à la fois les moyens et les buts de son action.
Conclusion :
Weber parle d'action sociale pour désigner un comportement humain orienté vers autrui, auquel l'acteur donne un sens. ... Pour Durkheim, à la différence de Weber, les faits sociaux doivent être analysés comme des choses, c'est-à-dire sur le modèle des sciences de la nature.
La sociologie doit comprendre, puis expliquer, l’action sociale. Elle s’intéresse aux actions sociales et se demande quel sens donnent les acteurs à leurs actions, pour ensuite expliquer pourquoi tel sens a conduit à telle ou telle action. Weber parle d’action sociale pour désigner un comportement humain orienté vers autrui, auquel l’acteur donne un sens.
Pour Weber, la sociologie est une science de l’action sociale. A la différence de Durkheim, il s’agit moins de comprendre chez Weber la société et ses institutions que d’analyser, à un niveau microsociologique.
Les actions individuelles ou les formes de relation interindividuelles. Même s’il faut se garder de toute simplification de type Weber - individualiste - Durkheim holistes, il est certain que la sociologie Wébérienne donne une place importante à l’individu.
"La sociologie ne peut procéder que des actions d’un, de quelques ou de nombreux individus séparés. C’est pourquoi elle se doit d’adopter des méthodes strictement individuelles"
Dans cette conception, le sociologue doit comprendre les intentions que les individus donnent à leurs actions, lesquelles, compte tenu des contraintes de la situation, constituent le tout social singulier étudié.
La réalité sociale ne peut s'expliquer uniquement par des liens de causalités comme c'est le cas dans le domaine des sciences naturelles. Weber postule que la sociologie, l'histoire et l'économie sont des « sciences de la culture ». Elles doivent être étudiées selon une méthode propre. Pour Durkheim, à la différence de Weber, les faits sociaux doivent être analysés comme des choses, c'est-à-dire sur le modèle des sciences de la nature.
Résumé.
Émile Durkheim, Max Weber sont considérés comme les pères fondateurs de la sociologie moderne. Chacun illustre une tradition sociologique opposée.
Emile DURKHEIM (1858 - 1917):
- «Traiter les faits sociaux comme des choses » ou l’incohérence durkheimienne.
- Il faut considérer les faits sociaux comme des choses.
Durkheim est le père de l’holisme méthodologique:
- Le « tout » est supérieur et antérieur à la partie.
Max WEBER (1864 - 1920) :
- Une sociologie de l’action sociale
- La sociologie est présentée comme une science qui propose de comprendre par « interprétation » l’activité sociale ainsi que d’expliquer « causalement son déroulement et ses effets ».
- L’activité est un comportement humain à qui l’on donne un « sens subjectif ».L’activité sociale est l’interaction entre les différentes personnes concernée par l’activité
Weber est le fondateur de l’individualisme méthodologique :
- On ne peut comprendre les faits sociaux en dehors des individus qui entrent en interaction.